San-Antonio chez les Mac – Frédéric Dard

San Antonio chez les Mac – Frédéric Dard 1974

Pourquoi ? Parait que le style Frédéric Dard, c’est un peu un passage obligé, alors quand on se retrouve dans une librairie en vacances avec toute une palette de San Antonio, il est temps de faire son choix…

L’histoire : Quelques gorgées de whisky foutent en l’air une soirée mondaine. San Antonio est dépêché sur les lieux, puis réquisitionne son fidèle acolyte pour un périple en Ecosse.

Et alors ? Les bons mots et les phrases délicieuses de l’auteur écrasent l’histoire en elle-même. Le pourquoi du comment de l’enquête n’offre que très peu de surprises.

Les jeux de mots sont plus nombreux que les cadavres et les parties de jambes en l’air sont décrites avec une accumulation abracadabrantesque de positions haute voltige. La nuance est mise de côté, les personnages sont caricaturaux à l’extrême donnant ainsi lieu à quelques comparaisons truculentes qui ont réussi à me faire éclater de rire. (3-4 fois dans la lecture, c’est déjà pas mal.)

Je ne pourrais pas aligner une dizaine de San-Antonio à la suite, mais je viendrai à nouveau saluer notre Frédéric Dard d’ici quelque temps ; peut-être dans un autre registre, sans son célèbre San Antonio.

En bref : Quand l’enquête ne fait pas le poids face au style.

Qui veut la peau de Nestor Boyaux – Lucius Von Lucius

Qui veut la peau de Nestor Boyaux – Luc Doyelle

Pourquoi ? Il y en a un qu’on ne peut pas louper dans la sphère des auteurs indé : c’est Lucius. Il dégaine deux choses : jeux de mots et extraits des meilleurs morceaux d’Ennio Morricone. Nous laisserons aujourd’hui de côté le talentueux compositeur italien pour évoquer la passion de Lucius pour les mots :  ses rébus, calembours ou devinettes loufoques sont parfois mon premier triturage de méninges du matin… Enfin bref… Lucius est aussi auteur et puisqu’à priori tout le monde a déjà fait la connaissance de son mort-vivant, moi je me suis penchée sur Nestor Boyaux.

L’histoire : Lucius se met en scène. Ecrivain en mal d’inspiration, il se rapproche de son ami de toujours, le fameux Nestor Boyaux, pour redonner en quelque sorte de l’essence à ses écrits. Nestor travaille dans le crime et pour Lucius qui tente une percée dans le polar, c’est une belle aubaine…. Oui mais tout part rapidement de travers, car avant même que la première ligne ne soit écrite, le cadavre de Nestor est retrouvé et le principal suspect, je vous le donne en mille : notre Lucius. Maintenant pour lui, la seule solution c’est la fuite.

Et alors ? Je ne vais pas cacher que j’ai eu quelques appréhensions quant à une présence trop importante de calembours au détriment d’une histoire. Alors évidemment il y a des jeux de mots; des expressions détournées, c’est loufoque, mais ce n’est pas du grand n’importe quoi. L’humour est là pour assaisonner un road movie haut en couleur. J’ai lu ce roman avec le sourire, l’attention en alerte pour ne pas manquer une finesse. L’ennuie ne m’a pas une seule fois effleurée. Le rythme est rapide, mais cela ne veut pas dire que la qualité de l’écriture est écartée. Et ça c’est un gros bon point.

Dans cette histoire rocambolesque, on trouve beaucoup d’éléments autobiographiques. Alors vous allez me dire normal, c’est un peu une auto fiction à la sauce humour. Pas faux ! De l’humour, oui il y en a, mais je ne pense pas me tromper en assurant que ce roman a pu germer grâce à une angoisse de l’auteur…

En bref : Une parenthèse rocambolesque qui fait du bien.

Extraits :

Il commençait à me plaire le père Nestor. Il faut avouer qu’il me pratiquait depuis quelques décennies, et savait pertinemment par quel bout me tendre la carotte.

Pour l’heure, elle veillait au grain, non de sable, mais de blé. Je devais l’approvisionner en munitions, sans quoi le combat tournerait à l’avantage des gros bonnets de l’édition.

De guerre exténuée, nous avons bricolé un alambic, mais le lait de brebis ne contient pas suffisamment de sucre. Notre eau de vie de brebis n’attire pas les foules, d’autant que l’odeur nauséabonde qui accompagne la distillation ne plaide pas en notre faveur. Le directeur nous a même octroyé une semaine d’isolement pour nous faire passer le goût des expériences.

Pour le trouver :

https://www.amazon.fr/dp/B071J9259W/ref=dp-kindle-redirect?_encoding=UTF8&btkr=1

Chorale – Nick Gardel

Pourquoi ? Parce que Droit dans le mur a été un gros coup de coeur et que j’avais envie de retrouver le style de Nick Gardel. Alors c’est parti !

L’histoire : Tout commence par une explosion qui remet en cause les habitudes de vie -supposées peinardes- d’Aykut Erdani, un bon ami de Peter Raven. Raven qui n’est pas en reste niveau emmerde, puisque  la vitrine de sa librairie est victime d’un mitraillage en bonne et due forme. C’est donc parti pour un enchainement d’aventures rocambolesques en compagnie d’une tripoté de personnages hauts en couleur !

Et alors ? La face tranquille des personnages, un libraire et un vendeur de sacs d’aspirateur, est secouée par des coups de mitraillettes et quelques engins explosifs. De quoi offrir à Nick Gardel l’occasion d’user de son humour aiguisé, domaine dans lequel il excelle. Les discussions entre Raven et les deux flics sont jubilatoires tant elles sont absurdes. Quant aux descriptions des personnages, elles sont finement ciselées, drôles mais surtout justes et sensibles. (Je pense notamment à la description du couple ami de Peter Raven Esteban et Vera.)

Chorale, road movie qui met en scène une DS s’échappant de la cacophonie parisienne pour échouer dans le calme vosgien, est aussi la rencontre entre la nostalgie et l’artillerie lourde de la nouvelle technologie. Imaginez les occupants de cette bonne vieille DS partis à la recherche d’un geek en cavale.

Je ne pense pas me tromper en évoquant Daniel Pennac (la lecture d’Au bonheur des ogres remonte quand même.) qui m’a fait un peu penser à l’ambiance de Chorale. Le côté un peu loufoque, improbable…. Evidemment quand on parle des influences de Nick, on évoque Audiard et ce qui explique peut-être une large place dédiée aux dialogues.

La couverture de Chorale correspond très bien à la lecture et me permet de soulever un petit bémol. Vous savez, j’ai un côté mémère et Chorale est un roman à tout allure dans lequel j’ai parfois perdu le fil. J’ai peut-être commis l’erreur de le lire par petits bouts et comme l’histoire regorge d’actions et de personnages pittoresques, j’aurais aimé un peu plus de temps morts. Il faut aussi savoir que Chorale est la continuité d’une trilogie avec pour personnage principal Peter Raven, alors même si on peut le lire indépendamment des autres, la mise dans le bain de l’action aurait peut-être été simplifiée si j’avais commencé par les premiers.

En bref : Un polar décoiffant et improbable qui offre la part belle aux jeux de mots et à la richesse de la langue française.

Pour trouver Chorale :

https://www.amazon.fr/Chorale-Nick-GARDEL-ebook/dp/B075FNCL6G/ref=pd_sim_351_8?_encoding=UTF8&psc=1&refRID=3DC3FM4MP9V4P9WS8845

Extraits : 

Jean-Edouard se cherchait encore à l’orée de la trentaine, lui qui se louvoyait si souvent sous la ligne de flottaison de la légalité. Il avait grandi sans vieillir, poussé sans mûrir.

-ça pue Raven. – Et je fais quoi pour chasser les odeurs ? -Vous vous tenez tranquille, vous évitez les vagues, les remous et les clapotis.

L’univers n’avait que peu de prise sur ce couple hors du temps et de l’espace. Ces deux là s’imbriquaient l’un dans l’autre, mais n’avaient aucune place dans le canevas du monde. Il naviguaient en marge…