La chambre de lactation – Frédéric Soulier

La chambre de lactation – Frédéric Soulier -2018

Pourquoi ? Parce que l’auteur promet un truc qui salit les doigts, et même s’il était fort probable qu’après la lecture, j’allais m’exclamer trop c’est trop, comme quelqu’un averti du danger qui plonge le nez dedans…. il fallait que je lise quand même.

L’histoire : Deux amis d’enfance arrondissent leurs fins de mois avec des cambriolages amateurs, jusqu’au jour où une proie repérée va les piéger, les séquestrer et je peux vous dire que la Guillemette a les arguments pour leur en faire subir.

Et alors ? Même si l’idée de départ répond à du déjà vu (les cambrioleurs finalement pris en otage.) la suite va fort dans l’insoutenable pour vous offrir de l’inédit.

Je n’ai pas vomi, mais je ne me suis pas toujours sentie à l’aise. Je ne doute pas du travail de recherche qu’a dû accomplir l’auteur pour gratifier son lecteur de quelques scènes bien crémeuses avec plus ou moins de grumeaux.

Quelques francs sourires ont allégé la lecture ; le côté scabreux est parfois balayé par des notes d’humour bien noires… Il suffit de visualiser la scène de visionnage d’Eliott le dragon en famille.

Je ne dirais pas que c’est ma lecture favorite de l’auteur, même si j’ai eu du mal à m’en décrocher.

En bref : Si vous êtes capables de monter l’échelle du huitième degré tout en bravant l’insoutenable, filez prendre une gorgée de ce petit lait.

https://www.amazon.fr/chambre-lactation-Frédéric-Soulier-ebook

L’ombre d’un écrivain – Condie Raïs

L’ombre d’un écrivain – Condie Raïs

Pourquoi ? Voilà j’ai attrapé au vol un post Facebook m’invitant à découvrir la plume d’une auteure qui correspondait plutôt à mes goûts, alors hop dans la tablette… à nous Condie !

L’histoire : Marc se veut écrivain, mais il frôle la catastrophe dès qu’il ébauche une quelconque histoire. Il demande alors de l’aide à sa voisine Condie Raïs qui écrit pour lui et le propulse tête de gondole. Succès sans équivoque jusqu’à ce que Condie organise une rencontre avec Isabelle, férue de belle littérature.

Et alors ?

Il faut adhérer à l’humour grinçant de l’auteure et si c’est le cas (comme pour moi) ce roman est une pure partie de plaisir. Les différents personnages prennent la parole à tour de rôle. Marc imagine des suites improbables pour son roman sentimental, Isabelle vibre pour ses auteurs fétiches (Fante, Roth, Bukowski.) alors qu’autour d’elle, on cherche à la faire adhérer à la littérature de supermarché. Et évidemment, il y a Condie Raïs, célibataire, décrite comme vieille (mais pas trop!) et qui carbure au vin blanc et à la nicotine. Elle va chapeauter la relation entre Marc et Isabelle et s’en amuser avec un certain détachement.

La part des dialogues est importante ce qui rend la vitesse de lecture assez rapide, avec des faux airs de théâtre. Les personnages sont peu nombreux, les descriptions réduites au minimum.

Beaucoup de lecteurs se sentiront en terrain familier, puisque sous couvert de noms trafiqués ou non, on parle d’écrivains, de romans, du monde de l’édition. Mais derrière l’humour, Condie égratigne sérieusement le monopole d’une certaine catégorie de livres dont le modèle de base semble être décliné à l’infini, histoire de ne pas perdre le lecteur. Comme le qualifierait Tyler Durden Un style de roman copie, d’une copie, d’une copie. (avec quelques variantes dans les décors et noms des personnages.) pour nous servir au final le même breuvage.

En bref : Roman court, à l’humour qui grince, qui pince. Une belle découverte. Ce ne sera pas ma dernière lecture de Condie Raïs.

Extraits :

Condie Raïs est ma vieille voisine de palier et elle boit comme un trou. Enfin à partir d’une certaine heure seulement, mais tout de même. Elle vit toute seule dans son appartement, si l’on fait exception d’une paire de siamois particulièrement teigneux, et au coucher du soleil, elle commence à siphonner du vin blanc en écoutant de la musique classique…

Quand je suis revenue au salon, Isabelle semblait avoir encaissé ce que je venais de lui annoncer. C’est ça le côté positif avec les jeunes.Vous leur expliquez qu’une météorite géante va percuter la Terre, ils accusent le coup quelques instants, puis ils vous demandent s’il y aura suffisamment de place pour stocker les réserves de coca light dans le vaisseau de survie.