Et on tuera tous les affreux – Boris Vian

Et on tuera tous les affreux – Boris Vian – 1964

Pourquoi ? Recommandé car parait-il c’est un petit roman pour se détendre et j’en ai besoin.

L’histoire : Rocky met sous couvercle deux choses : son corps de rêve et sa virginité. L’un convoité et l’autre mise à l’épreuve la nuit où Rocky se fait kidnapper dans l’étrange clinique du docteur Schultz. Il s’en échappe, mais cadavre + coéquipiers de choc le poussent à mener l’enquête.

Et alors ? Un petit roman atypique tiens. Pas bien lourd au poids, 200 pages à peine, mais notre Boris Vian, sous le pseudo Vernon Sullivan, détourne savamment le polar et le roman d’anticipation. L’action est soutenue ; mon esprit a été de nombreuses fois rattrapé à l’ordre, car les retournements sont nombreux et brutaux ; on va dans un sens, puis on courre dans un autre. L’histoire tire sur les grosses ficelles et les clichés sont nombreux, mais comme ils sont déposés dans le roman de façon intentionnelle et voulue, ils en font son charme.

Au niveau des nombreux personnages, on passe à côté de la nuance,  mais encore une fois la caricature est voulue. Aux lecteurs de s’accorder avec cette légèreté de façade…. car derrière la pastiche divertissante, le clonage et l’eugénisme font froid dans le dos.

Ce roman de 1964 n’a que peu de rides. Dommage que le final tombe trop vite

En bref : Polar teinté de science fiction loufoque avec quelques parties fines entre deux tranches d’action.

Des femmes comme s’il en pleuvait – Valentine Day

Des femmes comme s’il en pleuvait.

Pourquoi ? Parce que je venais de finir Les loyautés de Delphine de Vigan et donc un grand besoin de faire le grand écart. (Côté lecture on s’entend bien.) Un roman feel good ? Pas vraiment mon style, mais une série de nouvelles alliant sexe, alcool et humour noir, c’était pour moi.

L’histoire : Mais que trouve t-on dans ce recueil ?  Une auteure isolée qui se voit séduite par son adorable et jeune voisin. Une femme mature qui s’occupe d’éduquer sexuellement un adorable et jeune homme. (Eh oui il y a du jeune et de l’adorable!) Une enseignante blasée qui profite de ses vacances à DuBaï pour s’aérer l’esprit et l’entre-jambe. Une jeune fille qui  tire profit de la faiblesse des hommes pour les faire chanter.

Et alors ? Valentine Day est la comparse d’une auteure que j’affectionne tout particulièrement Condie Raïs. Elles avaient écrit Meneater en duo (Retour par ici) et j’étais assez impatiente de voir ce que donnait l’auteure en solitaire. Alors j’avoue que la première nouvelle m’a un peu laissée sur ma faim. J’avais l’impression de retrouver un personnage sorti tout droit de l’esprit de Condie, femme seule, auteure de romance clichée, avec vin blanc comme boisson principale et une affection toute particulière pour les chats. Un côté terrain connu revisité. J’attendais autre chose.

De ce recueil, la nouvelle, selon moi, qui sort du lot est Les Frasques de Juliette. C’est noir à souhait,  et je ne sais pas si c’est vendeur, mais j’ai pensé plusieurs fois, mais c’est barge avec un sourire satisfait. Valentine ne va pas dans le grand public, j’en suis consciente, elle en est consciente.

Et vous allez évidemment me demander celle qui fait monter le plus la température : L’éducation d’Hadrien. Parce qu’on y va gaiement en tout simplicité.

L’érotisme est mis en second plan, il y a un côté très froid qui souffle sur ces quelques scènes chaudes. La férocité et l’absence de sentiment masquent la sensualité et malgré quelques happy-end sur certaines nouvelles, il y a un refus de l’idéal, un fatalisme.

En bref : Un érotisme malmené par un ton grinçant.

 

Maneater – Condie Raïs

Pourquoi ? L’érotisme à la sauce Raïs et Day, vous refusez vous ?

L’histoire : Notre héroïne souffre d’une malchance incurable, si elle touche quelqu’un, la personne en question croisera la mort dans les heures à venir… Mais comment notre faucheuse malgré elle pourra assouvir ses besoins sexuels ? Notre duo Condie Raïs et Valentine Day se sont penchées sur la question.

Et alors ? Avec Maneater il n’y a pas que les ressorts du matelas qui vont grincer…  L’humour noir est malaxé à un érotisme plutôt soft. Notre malheureuse tire profit de sa malchance en multipliant les relations auxquelles elle n’a forcément pas besoin de donner suite. Elle va piocher joyeusement dans les forums de bricoleux et de jardineux pour assouvir ses envies, comparer les performances, chronométrer la mise à mort, évaluer les moyens mis en oeuvre. Oui je vous préviens l’humour est bien noir.

Cette fille s’assume en virus mortel et ne s’encombre pas d’état d’âme.

Quelques clins d’oeil à des personnages récurrents de l’univers de Condie Raïs raviront ceux qui la suivent.

En bref : Lu en à peine une heure, mais de quoi fournir une bonne dose d’humour noir.

Pour trouver Maneater :

https://www.amazon.fr/Maneater-version-hardcore-Valentine-Day-ebook/dp/B00FRKSYVU

 

 

L’ombre d’un écrivain – Condie Raïs

L’ombre d’un écrivain – Condie Raïs

Pourquoi ? Voilà j’ai attrapé au vol un post Facebook m’invitant à découvrir la plume d’une auteure qui correspondait plutôt à mes goûts, alors hop dans la tablette… à nous Condie !

L’histoire : Marc se veut écrivain, mais il frôle la catastrophe dès qu’il ébauche une quelconque histoire. Il demande alors de l’aide à sa voisine Condie Raïs qui écrit pour lui et le propulse tête de gondole. Succès sans équivoque jusqu’à ce que Condie organise une rencontre avec Isabelle, férue de belle littérature.

Et alors ?

Il faut adhérer à l’humour grinçant de l’auteure et si c’est le cas (comme pour moi) ce roman est une pure partie de plaisir. Les différents personnages prennent la parole à tour de rôle. Marc imagine des suites improbables pour son roman sentimental, Isabelle vibre pour ses auteurs fétiches (Fante, Roth, Bukowski.) alors qu’autour d’elle, on cherche à la faire adhérer à la littérature de supermarché. Et évidemment, il y a Condie Raïs, célibataire, décrite comme vieille (mais pas trop!) et qui carbure au vin blanc et à la nicotine. Elle va chapeauter la relation entre Marc et Isabelle et s’en amuser avec un certain détachement.

La part des dialogues est importante ce qui rend la vitesse de lecture assez rapide, avec des faux airs de théâtre. Les personnages sont peu nombreux, les descriptions réduites au minimum.

Beaucoup de lecteurs se sentiront en terrain familier, puisque sous couvert de noms trafiqués ou non, on parle d’écrivains, de romans, du monde de l’édition. Mais derrière l’humour, Condie égratigne sérieusement le monopole d’une certaine catégorie de livres dont le modèle de base semble être décliné à l’infini, histoire de ne pas perdre le lecteur. Comme le qualifierait Tyler Durden Un style de roman copie, d’une copie, d’une copie. (avec quelques variantes dans les décors et noms des personnages.) pour nous servir au final le même breuvage.

En bref : Roman court, à l’humour qui grince, qui pince. Une belle découverte. Ce ne sera pas ma dernière lecture de Condie Raïs.

Extraits :

Condie Raïs est ma vieille voisine de palier et elle boit comme un trou. Enfin à partir d’une certaine heure seulement, mais tout de même. Elle vit toute seule dans son appartement, si l’on fait exception d’une paire de siamois particulièrement teigneux, et au coucher du soleil, elle commence à siphonner du vin blanc en écoutant de la musique classique…

Quand je suis revenue au salon, Isabelle semblait avoir encaissé ce que je venais de lui annoncer. C’est ça le côté positif avec les jeunes.Vous leur expliquez qu’une météorite géante va percuter la Terre, ils accusent le coup quelques instants, puis ils vous demandent s’il y aura suffisamment de place pour stocker les réserves de coca light dans le vaisseau de survie.