Kuru – Katia Campagne

Pourquoi ? Je n’ai pas peur de le dire… c’est la couverture que je trouve sublime et qui m’a donné envie. Et puis une histoire de cannibales avec quelques commentaires me promettant un page turner m’ont décidé à passer à table…

L’histoire : Différents personnages nous sont présentés et leur histoire va converger vers une terrible contamination qui ramène l’anthropophagie à Chartres !

Et alors ? On ne m’a pas menti, ce livre est addictif. La construction est soignée, un départ vraiment accrocheur, les différents personnages bien amenés, un style efficace avec quelques petites notes d’humour qui passent bien, car peu nombreuses et bien ciblées.

Et le cannibalisme ? Kuru est-il une avalanche de passages gore qui vous éloigneraient de votre steak tartare un petit bout de temps ? Non, l’auteure ne sort pas l’artillerie lourde, mais mise sur d’autres effets que l’hémoglobine à outrance, notamment le secret de famille qui tâche, ainsi que la séduisante idée de réveiller le cannibalisme à Chartres. Je vous rassure, il  n’y a pas que les capitales qui ont droit à leur lot de bouffeurs de chairs humaines !

Je voudrais aussi parler de la couverture, vraiment très belle, ce banquet dressé qui rappelle des événements familiaux, alors que les membres sont absents… Une vaisselle ancienne, presque trop chargée. Malgré tout, cette majestueuse table est quelque peu trompeuse. Kuru n’est pas une histoire qui se passe dans le passé, mais c’est plutôt le passé qui revient en force pour contaminer (c’est le cas de le dire) la vie de nos protagonistes. On pourrait aussi croire à un repas tout en longueur. Or, Kuru possède un rythme soutenu (même un peu trop vers la fin.) Les lecteurs adeptes du page-turner comme on dit, seront servis !

Bon je suis juste mitigée sur deux petits points. Au début les deux personnages principaux font chacun de leur côté une rencontre importante, au moment où dans leur vie bascule de façon assez brutale. Je trouve qu’il leur tombe un peu beaucoup dessus d’un coup d’un seul. (bonnes comme mauvaises choses !)

Quant à la fin, elle me parait amenée un peu trop rapidement. Les éléments s’enchainent et j’avoue qu’il me manque un petit quelque chose à ce moment là.

Il n’empêche que l’auteure a sans doute pris un grand plaisir à écrire son roman, et que cela doit être communicatif ; au fil des pages une envie de tartare de boeuf m’a quelque peu titillée. Peut-être que je dois m’inquiéter ?

Pour trouver Kuru :

https://www.amazon.fr/KURU-Katia-CAMPAGNE-ebook/dp/B072FSQ2MZ/ref=cm_cr_arp_d_product_top?ie=UTF8

Extraits :

Je l’aidais à mettre la table et nous mangeâmes en silence une sorte de ragoût dont elle avait le secret. Je devais reconnaitre qu’elle avait un don pour faire à manger.

Un deuxième organe atterrit dans un deuxième sac, que je refermai aussi précautionneusement que le premier et replaçais machinalement dans la boite réfrigérée.

La route – Cormac McCarthy

La route McCarthy
La route – Cormac McCarthy – 2008
(4,5 / 5)

Pourquoi ? Parce que prix Pulitzer, fin du monde et cannibales, le mélange semblait bon, alors on fonce !

L’histoire : Nos protagonistes, un père qui s’adapte et son jeune fils n’a connu que ça, subissent l’apocalypse. La pénurie, les menaces, les cannibales peuplent un monde à l’abandon. Bienvenue sur la route.

Et alors ? Thème surexploité, angoisse partagée, pourrait-on parler de déjà vu ? Non parce que McCarthy – sans jeu de mot bien sûr – apporte sa nuance de gris. Le roman se veut un journal de bord de survie, même si l’espoir de jours meilleurs est aussi squelettique que l’homme et son enfant. Nous allons tracer une route triste, parce qu’il y a dans la poussière de leurs pas, la nostalgie du monde passé, une route dangereuse où la seule viande qui reste, est humaine, une route où la faim tiraille parce que l’abondance de nos supermarchés dévastés n’est plus que vide ou pourriture.

Avec des phrases puissantes, une retenue vis à vis de ses personnages, Mc Carthy nous emmène dans un endroit que nous ne voulons pas connaitre.

Et si certains sont alléchés par la présence de cannibales, sachez que McCarthy nous livre avant tout des descriptions lunaires et cendreuses qu’une chasse à l’homme barbare.

En bref : Style pénétrant avec un thème abordable qui laissera comme un goût de poussière à la fin de la lecture.

Extraits : 

Cherchant n’importe quoi qui eût une couleur.

Il se réveilla au bruit d’un lointain grondement de tonnerre et se redressa. L’indécise lumière tout autour, frissonnante et sans origine, réfractée dans dans l’averse de suie à la dérive.

Cette fois, ils mourraient vraiment de faim. le pays avait été pillé, mis à sac, ravagé. Dépouillé de la moindre miette.