San-Antonio chez les Mac – Frédéric Dard

San Antonio chez les Mac – Frédéric Dard 1974

Pourquoi ? Parait que le style Frédéric Dard, c’est un peu un passage obligé, alors quand on se retrouve dans une librairie en vacances avec toute une palette de San Antonio, il est temps de faire son choix…

L’histoire : Quelques gorgées de whisky foutent en l’air une soirée mondaine. San Antonio est dépêché sur les lieux, puis réquisitionne son fidèle acolyte pour un périple en Ecosse.

Et alors ? Les bons mots et les phrases délicieuses de l’auteur écrasent l’histoire en elle-même. Le pourquoi du comment de l’enquête n’offre que très peu de surprises.

Les jeux de mots sont plus nombreux que les cadavres et les parties de jambes en l’air sont décrites avec une accumulation abracadabrantesque de positions haute voltige. La nuance est mise de côté, les personnages sont caricaturaux à l’extrême donnant ainsi lieu à quelques comparaisons truculentes qui ont réussi à me faire éclater de rire. (3-4 fois dans la lecture, c’est déjà pas mal.)

Je ne pourrais pas aligner une dizaine de San-Antonio à la suite, mais je viendrai à nouveau saluer notre Frédéric Dard d’ici quelque temps ; peut-être dans un autre registre, sans son célèbre San Antonio.

En bref : Quand l’enquête ne fait pas le poids face au style.

Le club des punks contre l’apocalypse zombie. – Karim Berrouka

Le club des punks contre l’apocalypse zombie – Karim Berrouka -2017

Pourquoi ? Parce qu’Odehia Nadaco (auteure de A(i)mer et de Knysna pour ceux qui suivent.) a proposé de faire séjourner Le club des punks contre l’apocalypse zombie chez quelques lecteurs consentants. Comme je n’ai rien contre les punks et encore moins contre les zombies, j’ai proposé l’hospitalité à tout ce petit monde.

L’histoire : Après avoir quelque peu abusé de substances hallucinogènes, deux punks se réveillent, quelque peu comateux, pour faire face à une situation des moins trippantes ; les rues de Paries grouillent de zombies…

Et alors ?  Il m’a fallu quelques pages pour m’installer. Au départ, le style, familier et soigné, est aussi nerveux que les personnages principaux apathiques. Le temps de me raccorder, de découvrir quelques nouveaux énergumènes et je me suis retrouvée à l’aise.

Les deux premières parties m’ont scotchée. Un vent frais et poisseux souffle sur le thème éculé des zombies, avec des touches d’humour et de revendication entre deux dégustations de cervelle. Inviter les zombies à jouer les touristes dévastateurs à Paris pour se rendre compte que les seuls aptes à nous sauver sont des anarchistes pure souche (mais que font Bruce Willis et Jason Statham ??) est une idée de départ qui possède de belles racines.

Et puis franchement les zombies en haut de la Tour Eiffel ou dans les couloirs de France Télévision, c’est quand même la classe. L’humour fonctionne bien, notamment dans les rencontres improbables : le punk coincé dans les locaux du Médef ou une autre avec un illuminé qui se croit être le prochain maitre du monde.

Des petits bémols cependant. Je pense vraiment que le roman aurait gagné à être plus court. (j’ai eu un peu de mal avec les passages sur les hallucinations et les visions des punks, même si je comprends qu’elles soient justifiées pour l’histoire.) Et j’aurais peut-être aimé des personnages secondaires plus nuancés, moins catégorisés ; les patrons et l’armée sont les gros méchants, les anarchistes les éclaireurs, les femmes et les enfants à défendre. C’est sûr il y a du message à faire passer, qu’on va me dire.

En bref : Du hors-norme qui titille le déjà vu. Un roman au ton jeune qui revendique et qui jute quelque peu.

Extraits :

Sur le parvis, autour des quatre pieds de la tour, la scène n’est pas des plus joyeuses. ça a dû se friter sec dans les étages lors des premières heures de la zombiemania. Résultat, un nombre conséquent de corps sont passés par dessus bord, et ce malgré les filets de sécurité qui ont cédé en plusieurs endroits.

L’histoire la moins macabre, et probablement la plus étrange parce qu’elle ne semble inspirée par aucune peur ni menace biblique ou sociétale, est celle de la croisade de l’amour. L’amour… Un mot qu’Eva et Kropotkine n’ont plus entendu depuis de lustres. Enfin, Eva si, mais il sonnait comme une insulte, un ultimatum.