L’immeuble aux métèques – Frédéric Soulier

L’immeuble aux métèques – Frédéric Soulier – 2018

Pourquoi ? Un besoin de me remettre en selle à la suite de plusieurs déceptions littéraires. Avec cet auteur, je ne suis jamais déçue, alors…

L’histoire : Ernest ne croque pas la vie. Sa seule relation durable, il l’entretient avec sa télé. Il aime son boulot – et c’est déjà ça me direz-vous – mais niveau relations sociales, c’est moyen. La majorité des gens qu’il rencontre c’est au moment où la faucheuse a décidé de tirer le rideau sur leur existence. Alors Ernest Pasche, âme solitaire et inclassable, est voué au célibat jusqu’au jour où il croise celle qui pourrait tout changer.

Et alors ? Court roman concentré ou nouvelle étoffée – vous choisissez – va faire briller l’amour dans un milieu où pourtant il serait plus facile de le rejeter. L’immeuble aux métèques loge des gens laissés sur le côté, des personnages qui s’associent, s’entraident pour ne pas faiblir devant le regard des autres.

La mort est aussi évoquée de long, en large et en travers. La documentation faite par l’auteur est intéressante. Je savais des choses, (la légende des 21 grammes.) j’en ai découverte d’autres. (Des fermes de corps …. glaçant …même si je conçois tout à fait leur intérêt.)

En bref : On fait le tour de la mort pour mieux en apprécier les choses simples de la vie.

Les regressions de Richard Bachman -Kurt Cobain n’est pas mort – Frédéric Soulier

Les régressions de Richard Bachman – Frédéric Soulier -2018

Pourquoi ? Frédéric Soulier nous concocte un roman de science-fiction à épisodes. Allons voir ce que ça donne…

L’histoire : La maladie de Charcot freine l’écriture de Richard Bachman auteur adulé. De nombreux chefs-d’oeuvre risquent de ne pas voir le jour… Un scientifique pense avoir trouvé la solution.

Et alors ? J’ai retrouvé ce que j’aime chez l’auteur, une histoire et une qualité d’écriture qui créent un réel plaisir de lecture. Ici, les voyages dans le temps sont revisités sous la forme d’un continuum. On nous promet néanmoins de retrouver les nombreux effets papillons, bagage lourd de conséquences de celui qui joue avec les lois du temps.

Ce premier épisode se lit facilement, apporte les oeufs qui feront prendre la mayonnaise avec des histoires qui donnent déjà lieu à du suspens.

Evidemment on y découvre un hommage déguisé à Stefen King, enfin déguisé pas tant que ça…. Toutefois en faisant connaissance avec Richard Bachman, écrivain brisé dans son élan pour écrire, une autre influence me vient en tête. Me trompais-je ?

Ce roman à épisodes est, encore à l’heure qu’il est, en cours de fabrication. Il y a donc le risque d’être confronté à la fin d’un chapitre dont la suite n’a pas encore été écrite… Mais espérons Frédéric Soulier pas assez sadique pour nous laisser en plan trop longtemps.

Ce que j’attends du prochain épisode, ce sont des révélations bien sûr, mais aussi retrouver un peu plus le style de l’auteur, peut-être un peu éclipsé par l’hommage qu’il veut rendre.

En bref : On se laisse prendre… La suite !

 

Le jour béni où je suis devenu nègre – Arnaud Le Bian

Le jour béni où je suis devenu nègre – Arnaud Le Bian 2018

Pourquoi ? T’as une kindle, t’as pas la nouvelle d’Arnaud Le Bian, non mais allô quoi ?

L’histoire : Le parcours d’un garçon qui avait tout pour sublimer les mots, mais qui se retrouve confronté à l’impitoyable loi du rendement dans le monde de l’édition.

Et alors ? Je commencerai, une fois n’est pas coutume, par son seul défaut…. C’est trop court. C’est trop court, parce que c’est bon, chaque phrase est lustrée, on est à peine attablé devant un menu des plus alléchants, que le cognac est servi.

La nouvelle reflète tout à fait l’auteur. (Tiens je vais tout faire de travers, je vais m’attarder sur celui qui écrit.) Vous l’avez peut-être croisé sur les réseaux sociaux, vous savez l’énergumène contre les romans de synthèses au vocabulaire limité qui nous vante la densité, la profondeur et irrite plus d’un au passage. Pour certain, c’est un chevalier noir, pour d’autres un élitiste, le mal aimé, tantôt blasé, tantôt cynique…. Et bien je vais faire court, c’est surtout l’un des auteurs indé les plus talentueux, pas foutu de faire sa pub…

En bref : Il arrive quand le prochain roman ?

Des femmes comme s’il en pleuvait – Valentine Day

Des femmes comme s’il en pleuvait.

Pourquoi ? Parce que je venais de finir Les loyautés de Delphine de Vigan et donc un grand besoin de faire le grand écart. (Côté lecture on s’entend bien.) Un roman feel good ? Pas vraiment mon style, mais une série de nouvelles alliant sexe, alcool et humour noir, c’était pour moi.

L’histoire : Mais que trouve t-on dans ce recueil ?  Une auteure isolée qui se voit séduite par son adorable et jeune voisin. Une femme mature qui s’occupe d’éduquer sexuellement un adorable et jeune homme. (Eh oui il y a du jeune et de l’adorable!) Une enseignante blasée qui profite de ses vacances à DuBaï pour s’aérer l’esprit et l’entre-jambe. Une jeune fille qui  tire profit de la faiblesse des hommes pour les faire chanter.

Et alors ? Valentine Day est la comparse d’une auteure que j’affectionne tout particulièrement Condie Raïs. Elles avaient écrit Meneater en duo (Retour par ici) et j’étais assez impatiente de voir ce que donnait l’auteure en solitaire. Alors j’avoue que la première nouvelle m’a un peu laissée sur ma faim. J’avais l’impression de retrouver un personnage sorti tout droit de l’esprit de Condie, femme seule, auteure de romance clichée, avec vin blanc comme boisson principale et une affection toute particulière pour les chats. Un côté terrain connu revisité. J’attendais autre chose.

De ce recueil, la nouvelle, selon moi, qui sort du lot est Les Frasques de Juliette. C’est noir à souhait,  et je ne sais pas si c’est vendeur, mais j’ai pensé plusieurs fois, mais c’est barge avec un sourire satisfait. Valentine ne va pas dans le grand public, j’en suis consciente, elle en est consciente.

Et vous allez évidemment me demander celle qui fait monter le plus la température : L’éducation d’Hadrien. Parce qu’on y va gaiement en tout simplicité.

L’érotisme est mis en second plan, il y a un côté très froid qui souffle sur ces quelques scènes chaudes. La férocité et l’absence de sentiment masquent la sensualité et malgré quelques happy-end sur certaines nouvelles, il y a un refus de l’idéal, un fatalisme.

En bref : Un érotisme malmené par un ton grinçant.

 

Laissez entrer le miracle dans votre coeur – Frédéric Soulier

Laissez entrer le miracle dans votre coeur – Frédéric Soulier

Pourquoi ? J’ai toujours voulu faire une apparition, même furtive, dans les écrits d’un auteur. Bon je me suis fait refoulée à de nombreuses reprises. Marc Levy affirmait que j’étais boudinée dans une robe rouge à pois, quant à Maxime Chattam, il m’a certifié que je ne courais pas assez vite pour ma vie et que je ne me parlais pas assez à moi-même quand un tueur sanguinaire voulait ma peau… Heureusement Frédéric Soulier a juste validé ma candidature et le miracle est arrivé…

L’histoire : Le miracle, c’est Joslyn, le fruit supposé d’un viol, doté du jour au lendemain de pouvoirs de super-héros alors qu’il a à peine atteint la majorité. Est-il une nouvelle icône, un imposteur, une menace, celui qu’on attendait ou celui qui pourrait tous nous faire flamber ?

Et alors ? La nouvelle se compose d’articles, de propos rapportés par des gens plus ou moins proches du miracle, des fragments, des impressions des uns et des autres qui servent de socle pour un questionnement plus large.

L’ordre chronologique n’est pas respecté, cela ne nuit en rien à la compréhension et apporte une bonne dynamique à la lecture. Le format de la nouvelle est nickel, et je vous conseille (tout comme l’auteur) de la lire en un, voir deux jours.

Nous restons dans un certain flou quant à la genèse de l’énergumène, puisqu’ici on se préoccupe avant tout de l’impact. La parole est donnée aux adorateurs, aux septiques, aux rescapés et à ceux qui sont passés à côté de leur sauvetage. Le pouvoir du miracle amène le merveilleux ainsi que, emmerdements et réclamations.

Quant au final de la nouvelle, il est évidemment à la hauteur du phénomène.

Allez si je dois donner une seule chose qui m’a dérangée. Le titre. Eh oui j’ai du mal avec les titres de plus de six mots, c’est comme ça.

Je tiens aussi à préciser que je ne défends pas la nouvelle parce que j’y fais une apparition. Je ne me serais pas fendue d’un commentaire aussi long.

En bref : Dans cette nouvelle, l’auteur compile différents points de vue, d’angles de réflexion  : donner au lecteur des pistes sans le pourvoir d’un GPS.

Pour le trouver : https://www.amazon.fr/Laissez-entrer-Miracle-votre-coeur-ebook/dp/B0787BP7HM/ref=la_B00NRCWXOY_1_3?s=books&ie=UTF8&qid=1515853372&sr=1-3

Eau de Spleen – Frédéric Soulier

Pourquoi ? A l’approche de Noël, nous sommes toujours submergés par les pubs de parfum. Frédéric Soulier en rajouterait-il une dose avec cette nouvelle :  Eau de Spleen ? Quelque chose me dit qu’il a laissé la féérie et les paillettes de côté. Alors si j’allais renifler ce que l’auteur nous a concocté.

L’histoire : D’un côté les extraits du journal de Benoit, jeune sapeur pompier, fraîchement amoureux et surtout encombré d’une mère intrusive. De l’autre, le récit de son réveil dans une chambre d’hôpital ’emmuré vivant dans son propre corps’ (je reprends la description de l’auteur vu que je n’ai pas trouvé mieux).

Et alors ? Nouvelle puissante, un besoin capiteux de continuer, une fin entêtante.

Les extraits du journal de Benoit nous emmènent vers l’inéluctable. Une explosion détruira le jeune homme, et ne lui laissera qu’un seul sens en état de marche : l’odorat.  La mère et la bien aimée de Benoit, autrefois rivales, se retrouvent au chevet du jeune homme.

Une nouvelle addictive et actuelle qui pose questions sur le choix d’un homme privé de toutes raisons de vivre, il est refoulé au plaisir, maintenu en vie par deux proches qui veulent encore le meilleur pour lui.

Et puis la fin, imprévisible, dérangeante, terrible…

En bref : Un échantillon de ce que l’auteur fait de mieux. Un suspens vaporisé, des notes d’actualité, des personnages embaumants relevés par des anecdotes fleuries….

Pour trouver la nouvelle : 

https://www.amazon.fr/Eau-Spleen-fragrance-Fr%C3%A9d%C3%A9ric-Soulier-ebook/dp/B077FZVK46/ref=sr_1_1?s=digital-text&ie=UTF8&qid=1512075794&sr=1-1&keywords=eau+de+spleen

Maneater – Condie Raïs

Pourquoi ? L’érotisme à la sauce Raïs et Day, vous refusez vous ?

L’histoire : Notre héroïne souffre d’une malchance incurable, si elle touche quelqu’un, la personne en question croisera la mort dans les heures à venir… Mais comment notre faucheuse malgré elle pourra assouvir ses besoins sexuels ? Notre duo Condie Raïs et Valentine Day se sont penchées sur la question.

Et alors ? Avec Maneater il n’y a pas que les ressorts du matelas qui vont grincer…  L’humour noir est malaxé à un érotisme plutôt soft. Notre malheureuse tire profit de sa malchance en multipliant les relations auxquelles elle n’a forcément pas besoin de donner suite. Elle va piocher joyeusement dans les forums de bricoleux et de jardineux pour assouvir ses envies, comparer les performances, chronométrer la mise à mort, évaluer les moyens mis en oeuvre. Oui je vous préviens l’humour est bien noir.

Cette fille s’assume en virus mortel et ne s’encombre pas d’état d’âme.

Quelques clins d’oeil à des personnages récurrents de l’univers de Condie Raïs raviront ceux qui la suivent.

En bref : Lu en à peine une heure, mais de quoi fournir une bonne dose d’humour noir.

Pour trouver Maneater :

https://www.amazon.fr/Maneater-version-hardcore-Valentine-Day-ebook/dp/B00FRKSYVU