Le club des punks contre l’apocalypse zombie. – Karim Berrouka

Le club des punks contre l’apocalypse zombie – Karim Berrouka -2017

Pourquoi ? Parce qu’Odehia Nadaco (auteure de A(i)mer et de Knysna pour ceux qui suivent.) a proposé de faire séjourner Le club des punks contre l’apocalypse zombie chez quelques lecteurs consentants. Comme je n’ai rien contre les punks et encore moins contre les zombies, j’ai proposé l’hospitalité à tout ce petit monde.

L’histoire : Après avoir quelque peu abusé de substances hallucinogènes, deux punks se réveillent, quelque peu comateux, pour faire face à une situation des moins trippantes ; les rues de Paries grouillent de zombies…

Et alors ?  Il m’a fallu quelques pages pour m’installer. Au départ, le style, familier et soigné, est aussi nerveux que les personnages principaux apathiques. Le temps de me raccorder, de découvrir quelques nouveaux énergumènes et je me suis retrouvée à l’aise.

Les deux premières parties m’ont scotchée. Un vent frais et poisseux souffle sur le thème éculé des zombies, avec des touches d’humour et de revendication entre deux dégustations de cervelle. Inviter les zombies à jouer les touristes dévastateurs à Paris pour se rendre compte que les seuls aptes à nous sauver sont des anarchistes pure souche (mais que font Bruce Willis et Jason Statham ??) est une idée de départ qui possède de belles racines.

Et puis franchement les zombies en haut de la Tour Eiffel ou dans les couloirs de France Télévision, c’est quand même la classe. L’humour fonctionne bien, notamment dans les rencontres improbables : le punk coincé dans les locaux du Médef ou une autre avec un illuminé qui se croit être le prochain maitre du monde.

Des petits bémols cependant. Je pense vraiment que le roman aurait gagné à être plus court. (j’ai eu un peu de mal avec les passages sur les hallucinations et les visions des punks, même si je comprends qu’elles soient justifiées pour l’histoire.) Et j’aurais peut-être aimé des personnages secondaires plus nuancés, moins catégorisés ; les patrons et l’armée sont les gros méchants, les anarchistes les éclaireurs, les femmes et les enfants à défendre. C’est sûr il y a du message à faire passer, qu’on va me dire.

En bref : Du hors-norme qui titille le déjà vu. Un roman au ton jeune qui revendique et qui jute quelque peu.

Extraits :

Sur le parvis, autour des quatre pieds de la tour, la scène n’est pas des plus joyeuses. ça a dû se friter sec dans les étages lors des premières heures de la zombiemania. Résultat, un nombre conséquent de corps sont passés par dessus bord, et ce malgré les filets de sécurité qui ont cédé en plusieurs endroits.

L’histoire la moins macabre, et probablement la plus étrange parce qu’elle ne semble inspirée par aucune peur ni menace biblique ou sociétale, est celle de la croisade de l’amour. L’amour… Un mot qu’Eva et Kropotkine n’ont plus entendu depuis de lustres. Enfin, Eva si, mais il sonnait comme une insulte, un ultimatum.

Des morts, des vivants – Frédéric Soulier

(5 / 5)

Pourquoi ? Alors au début ce n’était pas gagné que je lise Des morts, des vivants. Sur le groupe de lecture Accro aux livres, je rencontrais un énergumène qui faisait la promotion de ce que je pensais être une énième histoire de zombies. C’est en découvrant sa prose au détour de quelques articles et après avoir lu deux de ces nouvelles, que je me suis lancée dans la lecture….

L’histoire : Nous faisons un saut dans le temps pour nous retrouver dans les ruines de notre monde, ravagé par ce que nos croyances et notre soif de pouvoir font de pire. Les rôles ont changé, l’Europe ciblée par la bombe Beyoncé (oui oui, ici Queen B est radioactive au premier sens du terme.) cherche à fuir, les bombardements, la répression et les morts-vivants.

Et alors ? Assez admirative, puisque l’auteur se sert d’un sujet surexploité (la contamination à grande échelle.) pour te livrer une oeuvre des plus originales. On laisse de côté le trait d’union, ici on parle des morts et des vivants, et surtout de l’âme humaine malmenée face à des situations extrêmes.

Beaucoup de force sont dans le roman. Il y a tout d’abord une résonance avec notre monde d’aujourd’hui… Mis à part les zombies (qui ne sont au final pas le point central de l’histoire.) la vision d’un futur plausible fait froid dans le dos. La religion qui nourrit la guerre qui engendre une barbarie admise. On est à se demander qui est réellement contaminé, les morts qui reviennent à la vie ou ces miliciens qui instaurent de nouvelles lois.

L’autre puissance c’est le style. Pip le narrateur parle une sorte de patois qui mélange différents registres de langues avec quelques mots volontairement déformés (nirlandais, prosquimité, abondasif, .) Certains lecteurs peuvent en être déroutés, d’autres embarqués, comme je l’ai été. Je suis allée au Cratère, dans ce camp de réfugiés, ils fuient la guerre, veulent échapper aux zombies, ils sont rassemblés dans la crasse, au milieu des mouches, confrontés aux maladies (la gale), à la famine et à ce qu’ils considèrent comme le pire …. l’ennui.

En bref : C’est une vision noire, révoltante d’un futur qu’on ne veut pas, une histoire de fuite et de quête d’un monde meilleur. Mais c’est aussi un petit bijou qui malmène la langue française pour en sortir le meilleur. Je recommande tout simplement.

Pour trouver Des morts, des vivants :

https://www.amazon.fr/morts-vivants-Fr%C3%A9d%C3%A9ric-Soulier-ebook/dp/B06XWY3TQ6

Pour les récalcitrants d’Amazon, vous avez plein de moyens de vous procurer du Soulier  https://fredericsoulier.wixsite.com/auteurindependant

Et puis pour vous donner envie : une interview de Pip le Clou, le narrateur du roman :

En tête à tête avec un personnage de roman – Philippe Lacroix personnage de « Des morts des vivants » de Frédéric Soulier

Extraits :

Au Cratère se parlait un drôle de langage, mélange d’argot, d’interjections, d’élision et d’emprunts altérés aux diverses langues parlées par les habitants. C’était un sabir que je vous retranscris pas à l’identique, et dont je me contente de vus faire goûter le sel.

Depuis bientôt six mois, les candidats à l’émigration ne passaient plus en Tunisie qu’en perfusion. Les gardes côtes reconvertis en impitoyable cerbères chassaient sans répit les réfugiés. Conséquence, le camp Agira, enflait, faisait de la rétention.

Mais pour un homme qui a perdu toute sa famille en un instant, le dico se déclare incompétent.