Ceux qui ne renonçaient pas – Luca Tahtieazym

Ceux qui ne renonçaient pas – Luca Tahtieazym – 2018

Pourquoi ? Auteur indé remarqué pour sa tendance à réaliser des photo-montages qui mettait ses couvertures de roman en haut de l’affiche. Une façon de retenir son nom (chose pas forcément aisée.) mais qui ne m’a non plus emballée au premier abord. Je le voyais comme un auteur qui voulait en mettre plein la vue pour peut-être pas grand chose. J’aurais pu en rester là si ce fameux patronyme ne revenait pas sans cesse sur le tapis des lecteurs emballés. Alors c’est parti pour le petit dernier.

L’histoire : Nous suivons la vie de Romain, coincé depuis toujours dans ce qu’il nomme la zone grise (vous savez les places réservées aux gens compétents pour la médiocrité.) Il tentera avec plus ou moins de succès de s’en extraire, mais la fatalité a décidé de le poursuivre.

Et alors ? Un bon moment de lecture. Je n’avais lu aucun résumé, aucun avis. J’avais décidé (une fois n’est pas coutume) de me laisser déposée docilement au différentes escales plus ou moins sombres du roman : l’alcoolisme, le deuil, l’envie de s’en sortir, l’amitié. Je dois avouer que j’ai vu la finalité se dessiner à la moitié du livre, mais l’intérêt ne m’a pas quitté.

Roman écrit à la première personne, nous suivons Romain au plus près. Il nous agace parfois, il se rabaisse sans cesse, embourbé qu’il est dans sa zone grise. Son objet d’idolâtrie, sa compagne Elise. Elle titille la perfection à ses yeux. Alors évidemment pour moi c’est un peu agaçant, j’aime connaitre les défauts de chaque personnage, mais (l’auteur a le droit de me contredire.) à force de se sous estimer, Romain ne fait que surélever les proches prenant soin de lui.

Le style est travaillé. Quelques mots vous pousseront peut-être à utiliser le dico, surtout dans les premiers chapitres.  Une envie de se démarquer de la part de l’auteur? J’aurais envie de lui dire qu’il n’en a pas besoin, j’ai noté qu’il avait laissé quelques étincelles tout au long de l’histoire sans en avoir recours.

J’ai trouvé qu’il y avait peu de longueurs, allez juste le début d’histoire d’amour entre romain et Elise que j’ai trouvé un peu fleur bleue ou plutôt d’un rose trop éclatant (sans doute pour mieux nous asperger de violence ensuite, mais chut.)

Ce que j’ai aimé dans ‘Ceux qui ne renonçaient pas’, c’est que je ne suis pas foutue de le classer dans une catégorie, il va enjamber le roman noir pour frôler la romance et mieux nous raconter l’histoire d’un homme qui ne prend pas toujours les bonnes décisions pour sortir de sa condition.

En bref : Un très bon roman qui décrit une vie grise qui vire au noir.

Extraits :

C’est parce que j’étais un moins que rien que j’ai fréquenté les Sachems. De broutille, je me suis senti devenir visible en croyant rayonner à leur côté, sans être conscient que lorsqu’on progresse à côté des géants, on marche à l’ombre.

Fût un moment où nous nous demandâmes si ma convalescence aurait une fin. Certaines plaies ne se referment jamais. Si mon corps à grand coup de patience, se remettait d’aplomb peu à peu, ce n’était pas le cas de mon âme, toujours bleuie par l’acrimonie.

Des sentiments forts, malheureusement pas mutuels, nous unissaient. Le calme comme ciment, comme intérêt commun.