La servante écarlate – Margaret Atwood

La servante écarlate – Margaret Atwood – 1985

Pourquoi ? Je ne vais pas me la jouer originale, mais la sortie de la série et la mise en avant dans les rayons librairie m’ont poussée vers la lecture.

L’histoire : Un partie dominant profite de la fécondité en berne pour grignoter les libertés. Une voie royale pour une nouvelle dictature… Nous suivons la vie de Defred dont l’unique fonction est de louer son ventre pour couver la progéniture de son commandant.

Et alors ? Pas mal, pas mal du tout…. Alors je mets juste en garde les lecteurs quant à la quatrième de couverture qui (encore une fois) peut se révéler trompeuse avec elle va tout tenter pour recouvrer sa liberté. J’étais aux trois-quarts du livre (pourtant loin d’être ennuyeux) que je n’avais pas vu l’ombre d’une fuite. Le roman n’est pas haletant, c’est une dystopie dans toute sa sombre splendeur, un terreau à réflexion. Notre héroïne presque résignée est coincée dans une prison où les barreaux sont faits d’ennui où tout le temps lui est offert pour penser à sa vie d’avant et comment a t-elle fait pour ne pas voir tout ça arriver ?

Le roman a été écrit en 1985 et nous dépose dans un futur hypothétique aux Etats-Unis où des fanatiques religieux sont aux commandes. Peut-être que comme moi, vous aurez du mal à vous représenter ce futur où on ne trouve aucune trace de la révolution Internet ou encore de notre tendance à l’hyperconnectabilité.  Ici, c’est retour à l’âge de pierre, société archaïque où tout est contrôlé par les Yeux et chaque pas de travers condamné de façon expéditive par pendaison. Je préfère parler de futur parallèle qui met en avant les dangers liberticides qui nous guettent à chaque coin de notre société : l’interprétation sans filtre des textes religieux ou encore la censure à outrance.

J’ai aimé ce livre, j’ai aimé le style de l’auteure que je ne connaissais pas du tout. (Et si certains en ont lu d’autres romans de Magaret Atwood, qu’ils se manifestent !) Deux petites choses ont toutefois rendues ma lecture moins aisée. Les passages au présent sont souvent truffés d’allers-retour vers un passé plus ou moins proche. Quant aux marques de dialogue, elles sont quasiment inexistantes.

Nous retrouvons comme dans 1984 de Georges Orwell cette impossibilité pour les citoyens de communiquer entre eux, de se parler, de se toucher, d’évoquer des sentiments, d’être humain…. Et je ne suis peut-être la seule à avoir ressenti ce rapprochement quand le commandant réclame un vrai baiser qui m’a fait penser au mot que reçoit Winston Smith de la part de  Julia. Un petit bout de papier qui déclare simplement je vous aime et qui résonne comme un acte de rébellion. Parce qu’au final, quoi de mieux pour une dictature que de s’imposer parmi des robots ?

En bref : Un roman de 1985 remis sur le devant de la scène qui interpelle, fait froid dans le dos.

 

Extraits :

Je manque m’étouffer : il a prononcé un mot interdit. Stérile. Un homme stérile, cela n’existe plus, du moins officiellement. Il y a seulement des femmes qui sont fertiles et des femmes improductives, c’est la loi.

[…] le petit tatouage sur ma cheville. Quatre chiffres et un œil, un passeport à l’inverse. Il est censé garantir que je ne pourrai jamais me fondre définitivement dans un autre paysage. Je suis trop importante, trop rare pour cela. Je suis une ressource nationale.

J’admirais ma mère à certains égards […] Elle s’attendait à ce que je fasse l’apologie de sa vie et des choix qu’elle avait faits. Je ne voulais pas vivre sa vie selon ses exigences. Je ne voulais pas être le rejeton modèle, l’incarnation de ses idées. […] Je ne suis pas la justification de ton existence, lui ai-je dit un jour.

Invisible sous la lumière – Carrie Snyder

invisible sous la lumière, Carrie Snyder
Invisible sous la lumière – Carrie Snyder – 2016
(3,5 / 5)

Pourquoi ? Parce que pour récompenser ma fidélité chez mes sympathiques libraires de la Lison, je reçois un livre. Alors allons y.

L’histoire : Une centenaire se fait gentiment kidnappée par des soi disants journalistes. L’occasion pour elle de faire des allers-retours dans ses souvenirs et nous livrer l’histoire de sa vie ; une femme qui court dans les années 1920.

Et alors : Style agréable, portrait qui attire ; on se demande même si Aganetha Smart a bel et bien existé. De nombreux thèmes balayés qui rendent la lecture attractive : la guerre en toile de fond, le droit des femmes et leur légitimité dans le monde du sport, l’avortement. Ma lecture a toutefois été inégale, avec des passages qui j’ai dévorés, d’autres qui favorisaient mon détachement. Peut-être que le point noir du livre, ce sont les multiples allers retours dans le temps, parfois désordonnés, qui même s’ils ne nuisent pas à la compréhension, la rendent moins aisée. Pourtant, je suis plutôt adepte de cette façon de faire qui permettent de tenir en haleine, mais ici la linéarité m’a manquée. Les personnages sont nombreux, alors des bonds dans un sens comme dans l’autre, on s’embrouille facilement.

En bref : Si vous aimez les portraits de femmes, avec un côté historique.

Extrait : 

Je cours, je cours, je cours jusqu’à perdre le compte des tours, jusqu’à ce que la lourde tresse qui bat mon dos soit trempée, imbibée de sueur. Les os de mes hanches, de mes genoux et de mes chevilles me font mal à chaque pas dans la terre molle et l’herbe tendre ; mes halètements me déchirent la gorge, si bruyants qu’ils finissent par alerter mon père.