Chanson douce – Leila Slimani

Chanson douce – Leila Slimani -2017

Pourquoi ? Parce que un Goncourt en forme de roman noir, je prends !

L’histoire : Après la naissance de son second enfant, Myriam a besoin d’une nounou à temps plein. Louise caresse la perfection et se rend vite indispensable au jeune couple. On sait dès les première pages qu’elle a tué les deux enfants à charge, on suit alors le préambule au drame.

Et alors ? Avant de donner mon impression, je voudrais mettre de côté le débat le roman méritait-il le Goncourt, oui ou non. Franchement, je n’en sais rien. L’obtention du prestigieux prix m’a peut-être un peu déroutée au départ, parce qu’on s’attend à un style moins accessible. Or ici les pages se tournent à grande vitesse, c’est prenant et angoissant.

J’ai beaucoup aimé Chanson douce, car derrière l’apparente simplicité et perversité de l’histoire se dévoile le dilemme complexe d’une mère. Avoir des enfants, tenir les rênes d’un foyer, rester femme et tenir bon au niveau professionnel. Le casse-tête de chacune, avoir l’impression que privilégier un côté peut rendre la pyramide bancale.

Leila Slimani est une auteure à suivre parce qu’elle ose. Elle ose les sujets laissés de côté, la nymphonanie chez la femme, et ici l’infanticide.

En bref : Aux frontières de la poésie, nous traversons un territoire glacial.

 

Dans le jardin de l’ogre – Leila Slimani

Dans le jardin de l’ogre – Leila Slimani

Pourquoi ? Parce qu’il m’a été recommandé et Chanson douce tardant à sortir en poche, j’avais envie de me jeter sur le premier roman de Leila Slimani. C’est parti !

L’histoire : Adèle est dépendante aux relations sexuelles. Elle vit en déséquilibre complet entre ses besoins et la façade qu’elle entretient avec son mari et son fils.

Et alors ? D’abord troublée par le style clinique des première pages, parfois une énumération d’actions, un journal de bord, distant, sans émotion. Et une fois cette première impression passée, je me suis accommodée et j’ai été conquise par la froideur de ce roman qui traite d’un sujet plutôt chaud.

On ne trouve pas Dans le jardin de l’ogre ce qui inonde le rayon érotisme des grandes librairies. Adèle est maigre et sèche et elle cumule les rapports, parfois brutaux. Le champs lexical lié aux plaisir est mis à l’écart, les notions de désir et de jouissance, quasiment inexistantes. Le sexe, pour Adèle, est un besoin qui la salit, qui l’écarte du bonheur, qui ne la comble même pas.

Des lecteurs seront exaspérés par les comportements des personnages. Celui d’Adèle, terriblement fragile, à l’instinct maternel précaire, mais d’un pragmatisme absolu quand il s’agit d’organiser ses plans culs. Ou encore celui du mari qui ne se rend compte de rien, aveugle consentant, presque niais à vouloir un bonheur trop simple. Je comprends, j’ai eu ce genre de réaction pour ces deux personnages, et pourtant j’ai été séduite par le style de Leila Slimani. A bientôt pour Une chanson douce…

En bref : Chronique d’un plaisir devenu maladie.

Extraits :

En devenant mère et épouse, elle s’est nimbée d’une aura de respectabilité que personne ne peut lui enlever. Elle s’est construit un refuge pour les soirs d’angoisse et un repli confortable pour les jours de débauche.

Elle ne se souvient de rien de précis, mais les hommes sont les uniques repères de son existence. A chaque saison, à chaque anniversaire, à chaque événement de sa vie, correspond un amant au visage flou. Dans son amnésie flotte la rassurante sensation d’avoir existé mille fois à travers le désir des autres.